vendredi 21 janvier 2011

MEDITATION POUR LA CÔTE D’IVOIRE - LA PAIX


« Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » : Cette phrase vient de Jean-Baptiste. Oui Jean après le baptême de Jésus, présente ce dernier qu’il a baptisé au monde comme étant : « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». Le fait marquant de la réaction de Jean c’est le nouveau nom qu’il donne à Jésus. En effet, avant sa naissance l’enfant porté par la Vierge Marie, reçoit deux noms divins : Jésus et Emmanuel. Jean n’utilise pas ces deux noms mais l’appelle « agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». Cette présente réflexion porte sur l’affirmation de Jean, le qualificatif avec lequel il nomme Jésus. Mais pourquoi centrée notre analyse sur cette appellation de Jean ?
Avant d’entrée dans notre méditation, et pour mieux cerner notre analyse, il nous paraît important de réfléchir sur deux notions de l’affirmation de Jean : agneau et monde.
L’agneau : c’est l’animal le plus petit, le plus faible du troupeau, de la bergérie. L’agneau est doux, fragile, sans violence, calme, innocent.
Le monde : Dans la bible, le mot monde utilisé au singulier, désigne tout ce qui est bon dans l’univers et l’ensemble des péchés. Au niveau théologique, le monde est appelé : « clair-obscur » selon le théologien Hans Küng. C’est le monde créé bon par Dieu, c’est le monde des ténèbres, ce monde est ambivalent : bon et mauvais.
Après ces approches notionnelles, nous remarquons un contraste dans l’affirmation de Jean. Oui d’un côté, nous avons un être doux, fragile, faible, qui doit sauver le monde, qui est symbolisé par sa grandeur, sa bonté, mais surtout dominé par la force, la violence, les armes, l’hégémonie, la puissance et le pouvoir. Face à ce rapport déséquilibré, la question qui surgit est celle-ci : Comment un agneau peut-il sauver le monde ? Autrement dit comment le faible peut-il sauver le fort ?
Lorsque que nous suivons la vie de Jésus, le constat que nous faisons est que lui, l’agneau, le faible, le doux a sauvé et sauve toujours le monde. Il a aimé ce monde en donnant sa vie pour son salut. Dès lors nous pouvons comprendre que le salut du monde ne peut venir des forts. Le bien de ce monde, la paix dans ce monde ne viendront pas des lions, des panthères, des animaux féroces. Oui dans notre société actuelle ou nous voulons combattre la violence, l’illégalité, par des armes, nous devons retenir que la force ne sème que la force, la violence engendre la violence. Pour combattre le terrorisme en Irak, en Afghanistan, pour régler les conflits dans plusieurs régions du monde, les États appelés les grandes puissances utilisent tous les moyens sophistiqués, déversent des millions de soldats, injectent des sommes colossales pour l’armement et l’entretien des soldats, mais en lieu et place de paix nous récoltons des guérillas, des millions de morts, des villes et villages qui disparaissent de la planète. Ainsi, avec des bombes, des bataillons blindés, des armements puissants, nous ne pourrons pas amener la paix. Oui, des grandes figures qui ont suivies l’exemple de l’agneau de Dieu, Jésus ont pu apporter la paix dans leur société en se faisant petit devant les forts. C’est l’exemple, de Martin Luther King, Mahatma Ghandi, Desmon Tutu et autres. Face à la violence, la guerre et le racisme ils ont utilisé le dialogue, l’humilité et la douceur.
Aujourd’hui au moment où beaucoup de voix s’élèvent dans le monde et même en Côte d’Ivoire pour ne jurer que sur la force comme résolution de la crise Ivoirienne, à travers cette réflexion, nous prions nos leaders politiques et la communauté internationale à continuer le dialogue et la discussion dans cette crise. Car la force militaire créera l’animosité, engendrera des orphelins, des réfugiés et des dégâts incalculables. Continuons le dialogue. Car le résultat du dialogue est stable et indéracinable, alors que tout ce qu’on obtient de la guerre est éphémère, passager, instable. N’affirmons pas que tous les moyens du dialogue aient été épuisés. Non les cartes du dialogue ne s’épuisent jamais, il existe toujours une voie du dialogue qui se présente à nous lorsque l’autre disparaît. A ce sujet observons un peu le Roi belge. En effet, dans le but de sortir son pays de l’impasse politique dans laquelle est plongée la Belgique depuis l’élection de Juin 2010, le roi utilise plusieurs personnalités pour les médiations. Lorsqu’un médiateur échoue, il nomme un réconciliateur, après l’échec de ce dernier, il nomme un réunificateur, ensuite un pacificateur etc. La leçon à retenir de l’attitude du roi de la Belgique, c’est la patience et l’espérance dans le règlement d’un conflit. En effet une médiation sans la patience conduit à la guerre. Nous préférons donc une médiation qui dure dans le temps qu’une guerre rapide qui crée des blessures et une vengeance éternelles.
Partant de cette méditation, nous demandons aux forts, aux puissants de ce monde, aux invulnérables, aux guerriers, aux divinités de la guerre, de confier le règlement de la crise ivoirienne aux faibles, aux doux et aux patients. Quant aux politiciens ivoiriens de tous bords et à leurs partisans nous vous invitons humblement à l’humilité, à user de vos relations non pas dans le but de détruire le pays par la guerre, mais dans le but de semer le développement. Car il y a un adage qui dit : « L’ami qui t’aide à frapper ton enfant jusqu’à mort, l’ami qui t’aide à renier ta famille, ne t’aime que pour tes intérêts. Il disparaîtra lorsque tu as tout perdu ».

Père Hervé Djadji Lajoie.

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