vendredi 17 décembre 2010

MEDITATION SUR LA CÔTE D’IVOIRE

Notre chère mère patrie, la Côte d’Ivoire vit une période inédite avec des évènements déplorables depuis la fin du second tour de l’élection présidentielle 2010 avec deux gouvernements synonyme de deux présidents comparables à deux républiques sur un même territoire ce qui couronne, amplifie, concrétise et matérialise la division des fils d’un même pays.

Après un temps de silence, d’observations nous avons jugé bon de reprendre l’écrit pour proposer nos réflexions et nos prières à tout un chacun. Oui nous n’avons aucune énergie, aucune force physique ni diplomatique pour résoudre cette équation dans laquelle est plongé notre pays, nous n’avons que nos yeux pour constater, nos analyses comme réconfort et Dieu pour espérance. C’est dans cette optique que nous nous coulons des larmes avec le prophète Jérémie (Jr 14) : " Que tombent de mes yeux mes larmes sans arrêter ni le jour ni la nuit. Elle est blessée d’une grande blessure, notre patrie, meurtrie d’une plaie profonde. Si je sors dans la campagne voici les victimes du glaive, si j’entre dans la ville voici les souffrants de la faim. Même le prêtre, même le prophète qui parcourt le pays ne comprend pas".
"As-tu donc rejeté la Côte d’Ivoire ? Es-tu pris de dégoût pour cette nation ? Pourquoi nous frapper sans remède ? Nous attendons la paix, et rien de bon, le temps du remède et voici l’épouvante. Seigneur, nous connaissons notre mal, notre propre faute, oui nous avons péché contre toi. Ne nous méprise pas à cause de ton nom ; n’humilie pas le trône de ta gloire. Rappelle-toi : Ne romps pas ton alliance avec nous".

Oui, chers Ivoiriens, nous récoltons aujourd’hui les fruits de plusieurs actes que nous avons tous semés. Dieu nous a plusieurs fois avertis, mais nous ne l’avons pas écouté. Nous avons entretenu et couvert le mensonge et le désordre : Boycotte actif, coups d’état de 1999, divisions du pays depuis septembre 2002, déchets toxiques etc ... Personne n’est coupable de crime et de désordre dans ce pays, l’hypocrisie et la roublardise sont devenues des valeurs, même tous ceux qui sont venus nous aider dans cette guerre sont rentrés dans cette danse.

Dans un pays où le mensonge est devenu une norme, où les accords de paix sont signés dans le mensonge, dans un pays où l’on dit une vérité en fonction du mentor politique, dans un pays où la fin justifie les moyens : on tombe dans le gouffre.
Mais fiers Ivoiriens, ne désespérons pas. Dieu nous aidera. Nous allons sortir de cette crise car les deux camps sont capables de se surpasser au nom de la patrie. Ivoiriens gardons la joie.  Nous traversons le désert, mais ce Dieu que nous invoquons est avec nous : il s’appelle l’Emmanuel et nous sommes dans le mois de la naissance de ce Dieu. Oui le jour vient et il est proche où « on ne lèvera plus l’épée nation contre nation, on ne s’entrainera plus pour la guerre ».

Fiers Ivoiriens, partisans des deux camps, chers leaders politiques, le Seigneur nous donnera la paix. Seulement il veut notre sincérité, il veut la vérité, il veut que nous sortions de nos intérêts égoïstes et que nous nous parlions, oui nous pouvons nous parler entre nous pas en terme d’accord mais entre des frères qui veulent la paix et qui se débarrassent de toute idée de pouvoir car au commencement était la Parole et la Parole s’est faite chaire et a habité parmi nous pour que nous nous parlions.


Père Hervé Djadji La joie

vendredi 26 novembre 2010

Prière pour le choix du président de la république de Cote d’Ivoire

Toi seigneur qui connais les cœurs de tout un chacun et qui a toujours guidé ce pays.
Nous te disons merci pour tout ce que tu fais pour notre pays. Humblement nous te rendons grace parce que dans les moments difficiles et dans les joies tu t’es toujours manifesté. Pour toutes ces œuvres merci, pour toutes les protections merci. Non pas à nous Seigneur non pas à nous mais à toi seul reviennent  l’honneur, la gloire et la puissance.
Seigneur, nous avons péché dans ce pays pendant cette crise. Nous avons exclu, nous avons proféré le mensonge, nous avons maudit, nous avons humilié, devant la télévision nous avons maudit des adversaires politiques, nous avons tué en acte, en pensée, et en parole. Pardonnes nous tout le mal que nous t’avons fais à travers nos frères et sœurs.
Maintenant  Seigneur, nous invoquons ton Esprit Saint dans le choix de celui qui gèrera notre pays. Jadis, c’est ton Esprit qui a choisi des juges, et consacré des rois pour ton peuple. Aujourd’hui, que ce même Esprit nous aide à élire le président de tous les Ivoiriens, le Président  selon ton cœur. Que ta volonté se
manifeste. Et que ce président soit accepté par tous.
AMEN.

Père Hervé Djadji La joie

mercredi 24 novembre 2010

Chers frères et sœurs chrétiens de la Côte d’Ivoire

Depuis l’ouverture de la campagne électorale, plusieurs voix ne cessent d’inviter les chrétiens et les Ivoiriens dans leur ensemble, à l’apaisement, à la paix et à l’amour. C’est en allant dans le même sens que ces pasteurs, prêtres et évêques qui ne cessent de jouer leur rôle de messagers, que nous aimerions véhiculer le présent message. En effet, dans ces moments de troubles, de peur, de tensions et de déviations verbales, nous nous sentons obligés de jouer notre rôle de chrétien, de prophètes, d’annonciateurs de la Bonne Nouvelle d’amour, de Paix et de fraternité véhiculée par Jésus Christ.
Nous voulons jouer notre rôle de guetteur selon la prophétie de Yahwé dans le livre d’Ezékiel : « C’est donc toi fils d’homme, que j’ai établi guetteur pour la maison d’Israël ; tu écoutes la parole qui sort de ma bouche et tu les avertiras de ma part. Si je dis au méchant : méchant, tu mourras certainement, mais que toi, tu ne parles pas pour avertir le méchant de quitter sa conduite, lui, le méchant mourra de son péché, mais c’est à toi que je demanderai compte de son sang. Par contre, si tu avertis le méchant pour qu’il se détourne de sa conduite, et qu’il ne veuille pas s’en détourner, il mourra de son péché » Ez 3, 8-9. Oui c’est à travers ce message que nous aimerions avec l’aide de l’Esprit Saint, encourager, avertir, dénoncer et orienter. Si dans cet article nous choisissons pour cible les Ivoiriens avec qui nous partageons la même foi au Christ ressuscité, c’est parce que nous voulons nous adresser d’abord à la famille religieuse à laquelle nous appartenons.
Nous proposons de méditer ensemble cette péricope tirée du livre des Actes des apôtres : « Il y a des hommes qui nous ont accompagnés durant tout le temps où le Seigneur Jésus a marché à notre tête, à commencer par le baptême de Jean jusqu’au jour où Il nous a été enlevé : il faut donc que l’un d’entre eux devienne avec nous témoin de sa résurrection ». On en présenta deux, Joseph appelé Barsabbas, surnommé Justus, et Mattias et l’on fit cette prière : « Toi, Seigneur, qui connais les cœurs de tous, désigne celui des deux que tu as choisi » Ac 1, 21-24. « on tira le sort et le sort tomba sur Mathias ».
Loin de nous toute idée d’appliquer ce texte à l’élection présidentielle dans notre pays, car les contextes ne sont pas les mêmes, les postes changent ainsi que les charges, et ici c’est un tirage au sort et non un choix dans les urnes. Seulement, ce qui nous a motivés à faire référence à cette péricope de Luc c’est la prière adressée à Dieu avant le tirage. Oui, les apôtres ont remis le choix, à Dieu. Ils ont fait de lui l’origine de ce choix. Car selon la tradition juive c’est Dieu qui choisi le roi, le consacre et le guide. Les apôtres se sont effacés dans ce choix. Ils ont demandé que la volonté de Dieu soit faite. Oui c’est cette attitude de mise en avant de la volonté de Dieu, que nous recommandons à chaque Ivoirien. Au moment où les tensions montent dans cette campagne de second tour, nous demandons à tous les chrétiens, laïcs comme ministres ordonnés, de se mettre à genoux en adoration et de tout remettre à Dieu pour que sa volonté s’accomplisse.
Car sans la prière nous allons mettre nos propres volontés, nos intelligences et passions au devant dans cette élection. Ces attitudes de prière ne doivent pas être abstraites, théoriques. Elles doivent se traduire en acte. En effet, il ne suffit pas de faire de belles prêches sur l’amour, la paix, la réconciliation et en même temps se retrouver dans des salons entre partisans pour proférer des discours de haine, ou encourager des agressions verbales ou physiques. Il ne suffit pas d’organiser des prières pour la paix, des croisades pour la paix et soutenir en simultané et discrètement l’exclusion, le régionalisme.
Oui l’heure a sonné où les chrétiens doivent faire le porte à porte pour la paix en Côte d’Ivoire. Chaque chrétien doit jouer son rôle de prophète dans son parti politique. Dans nos discours et dans nos actes, ne soyons pas les premiers à encourager les violences. Ce travail de paix, nous pasteurs sommes appelés à le faire de manière concrète dans les milieux de jeunesse et des forces de défense et de sécurité ainsi que des communautés de base dans des quartiers dont nous sommes des aumôniers. Quant aux fidèles laïcs, chacun doit être messager de paix auprès de ses enfants, dans sa famille. Que chaque chrétien sache que dans le parti adverse il y a des chrétiens, des frères et sœurs avec qui nous partageons le même corps du Christ, le même sang du Seigneur, la même foi, le même baptême. Nous formons comme dit Saint Paul le même Corps. C’est en agissant dans l’amour comme Le Christ, que nous pourrons être des lampes capables d’illuminer notre pays qui se laisse envahir par des ténèbres de haine, de violence et d’intolérance. C’est dans l’amour que nous pouvons être ce sel capable de redonner de la saveur à notre pays. Jouons notre rôle. Écoutons le Christ d’abord avant d’écouter les messages de nos leaders politiques.
Confions cette élection à Dieu dans la prière, dans les actes et que Lui qui sonde les cœurs, choisisse le président de tous les ivoiriens.

Père Hervé Djadji La Joie

mardi 23 novembre 2010

Méditation pour la paix en côte d’Ivoire 2 : Du « black and white » au « black and black » (Du noir et blanc au noir et noir)


La célébration du demi-siècle des indépendances d’un nombre important de pays africains, fut l’un des grands évènements de l’année 2010. L’on peut affirmer que la célébration des indépendances et la coupe du monde furent les deux grands évènements de cette année dans le continent noir. Cette célébration des cinquante ans d’indépendance est considérée comme étant la commémoration du passage du black and white au black and black. Le second tour de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire avec les tensions et haine que ce scrutin suscite, nous amène à réfléchir sur ces cinquante années d’indépendance à travers ces interrogations :
Qu’est ce que nos luttes pour l’indépendance ont apporté à l’Afrique ? Est-ce que ces cinquante années d’indépendance célébrées avec joie sont synonymes de changements ?
En 1957, avec l’indépendance du Ghana, couronnée en 1960 par une vague de pays qui ont accédé à l’indépendance, dont la Côte d’Ivoire, les Africains sont passés du black and white au black and black. Oui, avec les indépendances de nos pays, nous avons connu la réalisation d’un rêve, celui de confier la destinée de l’Afrique à ses propres enfants. Plus donc d’Européens ou d’Américains à la tête de nos pays. Nous sommes dès lors passés de la gestion de nos États par les De Gaulle, Treich-Laplène, Binger, Angoulvant et Péchoux à la gouvernance par nos propres frères : N’Krumah, Sékou Touré, Houphouët Boigny, Haïdjo, Modibo Kéita, Senghor, Bongo, Eyadéma, et autres.
Le constat que nous faisons, est qu’il est vrai que ce passage a permis aux africains de prendre leur responsabilité dans la gestion de leur continent. Cependant, nous avons répété les mêmes tares que nous avons combattues et décriées avec la dernière énergie face aux colonisateurs. Oui le black and black est devenu synonyme de tueries, d’assassinats programmés, d’exclusions, de coups d’État, de mauvaise gouvernance, de pauvreté, d’égoïsme et de génocide, au nom du dieu argent et du pouvoir. Dans ce black and black la solidarité, la tolérance, le partage, l’amour, la charité, le pardon, la dignité humaine, la joie, le respect de la vie et la crainte de Dieu qui caractérisent l’Africain, sont devenus des vains mots, des qualificatifs superficiels, abstraits.
De ce qui vient d’être exposé, nous invitons les Ivoiriens à prendre conscience que nous avons lutté pour atteindre le black and black, non pas pour s’entretuer, nous avons toujours voulu notre indépendance, notre autonomie, non pas pour s’exclure, non pas pour détruire notre patrie. Nous avons cherché notre liberté non pas pour aliéner ceux qui pensent pas comme nous. Nous avons voulu notre quiétude non pas pour inquiéter les autres. Prenons du recul et sachons que nous sommes entre nous. Ne soyons pas fiers chers Africains d’avoir sur nos sols des forces onusiennes de maintien de la paix.

Père Hervé Djadji La Joie.


lundi 15 novembre 2010

LA VOCATION DE LA CÔTE D'IVOIRE

 
L’heure est grave! Notre pays est à un tournant décisif de son histoire
politique et de son développement à tous les niveaux. La Côte d’Ivoire aborde un
virage dangereux dans sa course à la paix. Et c’est justement à ce moment de
haute tension sociale que des ivoiriens, au nom de la liberté d’expression,
diffusent à travers les médias des messages contradictoires et mensongers,
haineux et séparatistes. Tout le monde, du coup est expert en stratégie
politique et en communication. Ils sont peu mes frères ivoiriens qui parlent
encore de cohésion et d’unité nationale, de paix et de dialogue vrai entre les
fils et filles de ce «pays de l’hospitalité», etc. Tous et chacun veut
accompagner son candidat à la présidence et, c’est tout. Le reste, on s’en fou!
Moi, je dis non à cette manière de faire.

Je suis d’accord pour que tous les ivoiriens parlent. Que celui qui sait se
lève, s’avance, parle et parle juste! Qu’il dise une parole pour guérir et
sauver la Côte d’Ivoire. Malheureusement, j’ai écouté de nombreux ivoiriens,
j’ai lu leurs écrits, le constat est que beaucoup sont des relais de leurs
partis politiques ou de leurs leaders d’opinion. Beaucoup de ceux qui ont accès
aux médias parlent faux. Ils écrivent mais leurs papiers répandent le parfum du
mensonge, de la division... La Côte d’Ivoire, mon beau pays est pris en otage.
Au secours, mon pays est en danger!

C’est alors que j’entendis une voix, c’est celle d’ ÉZÉCHIEL. Elle me dit: «Fils
de l’homme, je t’établis comme sentinelle sur la maison d’Israël. Tu écouteras
la parole qui sortira de ma bouche, et tu les avertiras de ma part. Quand je
dirai au méchant: Tu mourras! si tu ne l’avertis pas, si tu ne parles pas pour
détourner le méchant de sa mauvaise voie et pour lui sauver la vie, ce méchant
mourra dans son iniquité, et je te redemanderai son sang. Mais si tu avertis le
méchant, et qu’il ne se détourne pas de sa méchanceté et de sa mauvaise voie, il
mourra dans son iniquité, et toi, tu sauveras ton âme. Si un juste se détourne
de sa justice et fait ce qui est mal, je mettrai un piège devant lui, et il
mourra; parce que tu ne l’as pas averti, il mourra dans son péché, on ne parlera
plus de la justice qu’il a pratiquée, et je te redemanderai son sang. Mais si tu
avertis le juste de ne pas pécher, et qu’il ne pèche pas, il vivra, parce qu’il
s’est laissé avertir, et toi, tu sauveras ton âme.» (ÉZ 3,17-21)

Cher ivoirien, je te connais. Je sais que tu es profondément religieux; tu aimes
la paix, tu es tolérant et très hospitalier. Seulement, des hommes politiques -
tes frères à aimer - t’ont fait dévier de ta vocation première au nom de leurs
ambitions personnelles. Tu as du, sans nul doute, te rendre compte que depuis
1990, tu n’es plus toi-même. Tu ne réfléchis plus par toi-même. Tu ne penses
plus par toi-même. Tout t’est dicté par des maîtres à penser, des machines à
réfléchir, etc. La conséquence de tout cela c'est que tu es divisé avec
toi-même; tu ne sais plus qui tu es, et où tu vas. Et ton pays patauge!
Heureusement et, c’est ce qui me rassure, tu sais d’où tu viens. Alors prend
appui sur tes racines pour re-bâtir notre Côte d’Ivoire «nouvelle patrie du
Christ».

Que Dieu t’aide.
A bientôt cousin,
A prochain message cousine.
 
Père Benoît KOUASSI
Doctorant en Communication Institutionnelle
Rome.

dimanche 14 novembre 2010

MEDITATION PROPOSEE POUR LA PAIX EN CÔTE D’IVOIRE


« Le loup habitera avec l’agneau, la panthère se couchera avec le chevreau. Le veau, le lionceau, et la bête grasse iront ensemble, conduits par un petit garçon. La vache et l’ourse paîtront, ensemble se coucheront leurs petits. Le lion comme le bœuf, mangera de la paille. Le nourrisson jouera sur le repaire de l’aspic, sur le trou de la vipère le jeune enfant mettra la main. On ne fera plus de mal ni de violence sur toute ma montagne sainte, car le pays sera rempli de la connaissance de Yahvé, comme les eaux couvrent le fond de la mer » (11,6-9).
Nous vous proposons ce texte tiré du livre d’Isaïe 11, 6-9, dans le but de rechercher une réelle cohabitation entre habitants de la Côte d’Ivoire en ce moment de grandes tensions et d’exclusions mutuelles, ceci au nom d’une idéologie de la mêmeté comme nous l’avons souligné dans notre réflexion sur la spiritualité de l’Emmanuel pour une élection apaisée en Côte d’Ivoire.
En effet, cette péricope du livre d’Isaïe parait idyllique, paradisiaque, incompréhensible, voire irréelle. Puisque dans notre entendement humain, et dans notre logique, le loup et l’agneau ne pourront pas cohabiter sans qu’il y ait violence, la vache et l’ourse ne peuvent pas faire chemin ensemble sans qu’il y ait atrocité, la rencontre entre l’enfant et le lionceau donnera une attaque. Cependant, lorsque les hommes arrivent à dépassionner les débats et intérêts personnels, quand on sort de l’individualisme exacerbé pour tendre vers le bien commun, il est possible que des adversaires politiques, des partisans de partis politiques opposés, des hommes et des femmes issus de régions, religions et même de pays différents arrivent à cohabiter sans haine ni violence. Oui, dans notre pays la Côte d’Ivoire, cette cohabitation est possible pendant et après ces élections. En effet, de la même manière que des musulmans et des chrétiens, des nordistes et des sudistes, des ressortissants de l’Est et ceux de l’Ouest,  s’unissent dans le mariage, exercent dans les mêmes entreprises, voyagent dans les mêmes véhicules et se côtoient dans des funérailles, anniversaires, églises, mosquées et dans des stades, ils peuvent aujourd’hui dépassionner le débat politique et mettre au devant toutes les relations interpersonnelles. Cette image du prophète peut être réellement vécue dans notre pays si seulement nous le voulons. Oui nous le pouvons, yes we can comme aime le dire Son Excellence Barack Obama. Yes we can, oui nous pouvons aller à ce second tour, sans haine, nous pouvons voter le 28 novembre prochain dans l’entente, attendre les résultats dans la joie et accueillir le verdict final dans une attitude de gaieté et continuer à collaborer avec ceux qui seront à notre service dans un amour mutuel.
C’est à ce sursaut d’amour, à cette invitation à se dépasser, à cette élévation d’esprit que nous invitons tous les habitants de la Côte d’Ivoire. Seul celui qui arrivera à réaliser cela qui pourra dire : « J’aime mon pays ». Oui, fiers ivoiriens, le pays nous appelle à faire preuve de notre fierté non pas dans notre capacité d’exclusion, de violence, de destruction, d’arrogance, mais dans le but de vivre ensemble et d’être unis malgré nos différences.

Père Hervé Djadji Lajoie

LA SPIRITUALITE DE L’EMMANUEL POUR UNE ELECTION APAISEE EN CÔTE D’IVOIRE


Nos pères évêques à travers la Conférence Épiscopale de Côte d’Ivoire, ont manifesté leur sollicitude envers le peuple ivoirien en adressant un message dans le but de contribuer à la paix, au bon ton pendant ces périodes électorales. Notre réflexion n’est qu’une simple et modeste contribution d’un citoyen à la vie de sa nation surtout en ce moment de choix importants pour l’avenir de notre pays.
D’emblée, nous remercions tous ceux qui de l’intérieur comme à l’extérieur du pays, ont aidé les Ivoiriens à atteindre ce stade, à savoir la campagne électorale et les élections qui marquent  le retour à la paix et à la démocratie.
Qu’est ce que la spiritualité de l’Emmanuel ? En quoi peut-elle être utile pour une élection apaisée ? Ou encore qu’est ce que cette spiritualité peut elle nous apporter en ces périodes électorales ?
Ce sont ces interrogations auxquelles nous tenterons de répondre à travers notre analyse. La spiritualité de l’Emmanuel est une manière d’être, de penser, d’agir en fonction de la signification du nom du fils de Dieu, c'est-à-dire : « Emmanuel ». C’est le fait de mettre en pratique le sens du nom Emmanuel. Dans les Écritures, ce nom comme nom propre fut employé trois fois. A deux reprises dans le livre d’Isaïe (Is 7,14 ; Is 8,8) et une seule utilisation dans le Nouveau Testament (Mat 1,23). Quant au sens de ce nom, l’évangéliste Mathieu fait cette précision : « Voici que la Vierge concevra et enfantera un fils auquel on donnera le nom d’Emmanuel, ce qui se traduit : Dieu avec nous ». Ce nom vient donc de l’expression hébraïque : « immânu ‘el » c'est-à-dire « avec nous est Dieu » autrement dit « Dieu est avec nous ».
Après avoir situé le sens du nom Emmanuel et le fondement de la spiritualité de l’Emmanuel nous nous posons cette question : qu’est ce que cette spiritualité peut elle nous apporter dans ces élections ?
Dans la spiritualité de l’Emmanuel, Dieu est avec nous, pour qu’étant avec lui, nous puissions être avec les autres. Ainsi, cette spiritualité tout en développant notre relation au niveau verticale avec Dieu, nous invite à accentuer nos liens au niveau horizontal, c'est-à-dire le « être avec les autres ». Mais un être avec les autres qui ne se focalise pas sur des calculs tribalistes, politiques, économiques, en somme un « être avec » qui ne se fonde pas sur un intérêt. Dès lors, nous devons savoir que dans ces élections, celui avec qui nous sommes appelés à être ensemble n’est pas obligé de partager avec nous les mêmes visions politiques, religieuses, régionales et ethniques. Cependant, de même que Dieu accepte d’être avec nous malgré notre état, aussi sommes nous invités à accepter d’être avec les autres malgré les différences d’opinions. Dans la spiritualité de l’Emmanuel nous sommes appelés à nous soumettre au verdict des urnes. Car nous devons être avec le vainqueur malgré la défaite de notre candidat.
A partir de ce qui précède, la réalité à laquelle nous convie la spiritualité de l’Emmanuel, c’est la capacité d’accepter d’être avec l’autre. Cette spiritualité nous permet de quitter le système de la « mêmeté » pour utiliser l’expression de Memel Fôtê cité par Maurice Bandaman lors de son intervention au festival international de la route des rois à Taabo le 13 novembre 2003. En effet, les violences pendant les élections et les guerres qui suivent la proclamation des résultats proviennent de la mentalité de la « mêmeté ». Oui on veut la « mêmeté » ethnique, « la mêmeté » politique, la « mêmeté » religieuse. Et c’est cette idéologie de la « mêmeté » qui tue l’Afrique depuis l’avènement du multipartisme dans nos pays. C’est dans cette optique que pour ces élections en Côte d’Ivoire, nous prônons l’union des différences. Car la vie naît de la jonction d’éléments hétérogènes. Ainsi, dans ces élections le « contre nous » ne doit pas être synonyme de guerre mais de richesse.
En somme, si nous voulons construire une Côte d’Ivoire nouvelle bâtie sur des fondements solides, une Côte d’Ivoire une et indivisible, le pays nous appelle pendant et après ces élections à briser toutes sortes de barrières pour être avec les autres malgré nos divergences. Car comme nous le souligne le père Raphaël Gnally dans son œuvre Voici l’homme un être debout, p. 38: « Notre tâche commune est de construire une société nouvelle où l’autre différent de moi socio-culturellement, politiquement, économiquement, moralement et religieusement est compris, accepté et aimé. Nous sommes appelés à bâtir une société nouvelle où chaque individu est valorisé en lui-même, une société nouvelle qui sait combiner l’unité et la diversité de ses membres ». Notre société sera donc équilibrée, vivable, développée et démocratique si nous arrivons selon le révérend Gnally Raphaël à réaliser la « coincidentia oppositorum » à savoir « la jonction des contraires » ( Voici l’homme un être débout, p. 36).

Père Hervé Djadji (l'Abbé Lajoie).