dimanche 20 novembre 2011

ÊTRE MARTYR

                                             ÊTRE MARTYR
Dans toutes sociétés, l’implantation des valeurs telles que la justice, l’amour, l’honnêteté, le droit et l’éradication des vices ne se fait pas de manière paisible, sur des rails, dans un tunnel. En effet, la rencontre entre le bien et le mal produit des chocs, des étincelles. Partant de ce qui précède nous nous interrogeons : Peut-on trouver aujourd’hui des martyrs dans nos sociétés ? Peut-on avoir des martyrs pour le bien des autres ? Sommes-nous capables aujourd’hui de résister en Afrique face aux vices au prix de notre vie ? Peut-on trouver des hommes et des femmes dignes, prêts à se sacrifier pour une société africaine juste ? Ce sont ces questions  que nous tenterons de répondre à travers cette réflexion.
Dans l’antiquité, l’histoire de la philosophie nous présente le martyr d’un des pères de la pensée, mort au nom de ses convictions et de sa vision de la vie différente de celle des ses contemporains surtout des responsables de la cité. Ainsi Socrate fut tué à cause de sa philosophie, de sa conception de la vie.
Dans la Bible, l’Ancien Testament nous révèle de grandes figures du prophétisme, maltraitées, martyrisées qui ont combattu pour l’instauration de la vérité. Ces prophètes ont lutté, souffert au nom de leurs convictions. Nous pouvons citer le roi David, Jérémie, Elie, Elysée, les martyrs Maccabéens ect. Le Nouveau Testament va dans le sens de l’Ancien. Cette partie de la Bible met en relief la lutte menée par des personnes au nom de la Bonne Nouvelle et qui ont connu le martyr. Nous pouvons nommer Jean-Baptiste, Pierre et Paul, Etienne, Jacques et surtout notre Seigneur Jésus qui a subi l’humiliation de la croix au nom de son amour pour le monde. Le Christ est devenu le symbole de tous les grands révolutionnaires qui luttent pour que les autres soient heureux. Oui lui l’arbre frais il a subi le martyr. Qu’en sera-t-il de l’arbre frais ?
A travers cette parole, le Christ annonçait le martyr, la persécution et les misères de tous ceux qui attaqueront les symboles du mal dans la société pour y instituer et instaurer des valeurs morales et éthiques. Outre l’histoire biblique, nous connaissons des hommes et des femmes qui ont dit non et qui disent non aux idéologies sataniques, aux vices jusqu’au bout en refusant une promotion pour nuire à l’autre. Par conséquent aujourd’hui, nous pouvons dire non et accepter de souffrir. Nous sommes capables de refuser et d’être des martyrs. (Car le sang d’un vrai martyr fait naître le bien). Loin de nous toute idée de pousser au martyr et glorifier le martyr mais nous proposons une  résistance au mal politique, économique, spirituel et social. Que chacun se dise que ma résistance, mon sacrifice peut permettre aux générations à venir de vivre épanouis. Mais, nous ne devons pas être des martyrs qui sont célébrés, parce qu’ils sont morts pour une personne assoiffée de pouvoir et d’hégémonie.
 Oui résistons. Courage à tous ses jeunes qui refusent d’être enrôlés pour la guerre, ces filles qui résistent à la prostitution au nom d’un concours, courage à tous ceux qui souffrent dans les entreprises, dans les ministères, dans des villages, villes parce qu’ils disent non. Ceux qui n’ont pas encore eu ce courage, allez, sacrifions nous luttons, résistons que par nous le mal n’entre pas dans nos sociétés. Car comme dit le Christ,  aimez c’est donner sa vie. Soyons capables de vivre et d’agir autrement, au nom du bien.
P. Hervé Djadji La joie  

lundi 7 novembre 2011

 05/11/2011/ Article d’un retour au continent natal (Pour le repos de l’âme de ma fille Roseline)
Retournons, vraiment retournons. L’Europe et l’Amérique regorgent de vaillants et intelligents fils et filles venus de l’Afrique. Certains sont étudiants et d’autres ont terminé leurs études. D’autres encore occupent des fonctions importantes, plusieurs sont des aventuriers sans rien faire. Après tant d’années passer chez l’homme blanc, Que faire ? Demeurer en occident ou repartir ? Ces interrogations qui soulèvent des problèmes existentiels méritent d’être traitées avec méditation, recul et minutie.
Rester : Avec le temps occidental meublé de saisons impressionnantes avec ses décalages horaires, son soleil d’été fascinant, son printemps adorable et son hiver changeant, admirable avec son lot de neiges magnifique ainsi que son automne désirable, on ne peut que vouloir rester. Car l’Afrique avec son soleil brulant, casse-peau qui noirci et donne une chaleur intenable suivi des céphalées, rester en Europe serait mieux. Rester est donc « meilleurs » comme disent les Abidjanais. Oui pourquoi partir ? Repartir en Afrique ? Pour quelles raisons ? L’Europe avec les « djossis » (Travail en Nouchi : manière populaire de s’exprimer en Côte d’Ivoire) et les rémunérations qui permettent de subvenir aux besoins est un paradis. Pourquoi donc repartir quand on a une couverture sociale, une sécurité, les droits respectés et considéré par les parents et amis restés au pays.
Ainsi avec toutes les garanties que nous offre l’Europe, nous préférons rester. Oui nous préférons le peu que nous gagnons en Europe que la joie de l’Afrique. Cependant, chers frères malgré les allocations, la sécurité sociale et autres avantages que nous avons en Europe repartir chez nous est la meilleure solution. Repartir en Afrique pour faire partager nos expériences, apporter notre pierre à la construction de notre continent c’est ce que l’Afrique attend de ses fils en diaspora. Car lorsque les Européens sont arrivés chez nous en Afrique, l’histoire nous informe qu’ils sont repartis chez eux avec nos richesses pour construire l’Europe. A notre tour, apprenons leur science, profitons de leur générosité, utilisons les relations et autres formes d’amitié, prenons leur feu de connaissance, mettons nous à leur école et repartons chez nous.
Rester pour transférer des sommes colossales pour l’organisation des funérailles, mariages et autres manifestations en Afrique n’aide pas notre continent. En effet, l’Afrique n’a pas besoin de nos western union. Elle a besoin de tous ses fils et filles revenus de partout pour soutenir et sauver la mère patrie malade. N’ayons pas peur de revenir. N’ayons pas peur de la sorcellerie, de la guerre et des hommes politiques. Si nous ne repartons pas nous allons subir les décisions de ceux qui sont restés. Si nous repartons tous, l’Afrique gagnera. Mais si nous restons, ce sont encore des braves et forts fils et filles que l’Afrique perdra comme au temps de l’esclavage. Repartons : Oui comme chante le psalmiste « Ils s’en vont tout fatiguer ils reviennent en chantant ». Sursum corda : Levons nous et partons semer la joie. Levons-nous car nos forêts et nos tambours nous attendent.
P. Djadji La joie

AFRIQUE : Du collectif destructeur au collectif pensant

06/11/22 : AFRIQUE : Du collectif destructeur au collectif pensant
Cette méditation se présente comme une pierre à la construction de notre chère Afrique. Après cinq décennies d’indépendance, normalement synonyme de maturité, notre mère l’Afrique ploie sous le poids de la croix. Elle n’arrive pas à se mettre au niveau des autres continents en ce qui concerne le développement ou les infrastructures. Elle est en retard à tous les rendez-vous de la construction de notre planète. Quelles sont les causes de ce retard de l’Afrique ? Pourquoi notre continent reste sous-développé malgré la volonté de ses fils et ses richesses ? A partir d’une analyse minutieuse sur les maux qui minent l’Afrique et qui font dire à Ela que l’Afrique est mal partie, nous pouvons déduire que notre continent est atteint d’une maladie pernicieuse qui l’handicape dans son partenariat avec les autres continents. Ce mal qui mine l’Afrique provient de plusieurs causes. D’après l’écrivain nigérian Chinua Achebe, dans son contact avec l’occident, les sociétés africaines ce sont effondrées.
Pour lui, l’intrusion de la modernité en Afrique a déstabilisé les piliers des sociétés, d’où le titre de son roman : Le monde s’effondre. Cet effondrement des sociétés africaines a été effectif et continue encore aujourd’hui grâce à l’appui de réseaux destructeurs et de collectifs nuisibles. En effet, certains fils et filles d’Afrique soutenus par d’autres forces occultes tapis dans l’ombre ont pour mandat la destruction de notre continent : à travers des réseaux de vente d’Armement, en union avec des politiciens, soutenus par des organismes mafieux, les collectifs destructeurs implantent l’anarchie en Afrique. Mais face à ces réseaux, que faire ? Comment faire obstacle à ce collectif destructeur pour permettre aux Africains de souffler ?
Devant ces réseaux, d’autres Africains doivent opposer un autre réseau, celui d’un collectif pensant constructif. C’est donc en évoluant en synergie que les Africains pourront connaître la paix. En effet, dans tous les domaines : scientifique, économique, culturel et politique, les Africains doivent créer un grand réseau de penseurs. Il faut un collectif pensant comme le souligne l’écrivain Algérien Yasmine. Ainsi la renaissance de l’Afrique passerait par un rassemblement de toutes les compétences et non dans la dispersion des forces et des intelligences. C’est donc dans la synergie que nous pourrons sortir de l’attitude du bouc émissaire pour utiliser l’expression de la Camerounaise Axelle Kabou.
Si donc l’Afrique veut atteindre la voie du développement, ses fils et filles en diaspora et ceux qui résident en Afrique doivent créer un collectif de penseurs qui fera bloc face au collectif destructeur. Cependant ce collectif pensant ne doit pas être un fruit de la volonté politique. Tous les collectifs pensant ne doivent pas être liés aux hommes politiques africains et aux organismes internationaux. Ils doivent se constituer par inspiration, et volonté de développer leur continent. Si les Africains ne se constituent pas en collectifs pensant capables d’imposer aux politiques africaines leur pensée, l’Afrique sera toujours manipulée par des politiciens et le résultat que nous aurons s’appellera : guerre, misère, tribalisme, enrichissement illicite.
En somme, les Africains de bonne volonté ne doivent pas évoluer dans la division ou de manière isolée. C’est la synergie des pensées, l’union des énergies, la création d’un vaste réseau de pensée qui pourra ramener nos hommes politiques à l’ordre.
 P. Hervé Djadji

dimanche 8 mai 2011

COMMENTAIRE DES TEXTES DU 3è DIMANCHE DE PÂQUES


Textes du dimanche 8 mai 2011
1ère Lecture : Lecture du livre des Actes des Apôtres
Le jour de la Pentecôte, Pierre, debout avec les onze autres Apôtres, prit la parole ; il dit d'une voix forte : « Habitants de la Judée, et vous tous qui séjournez à Jérusalem, comprenez ce qui se passe aujourd'hui, écoutez bien ce que je vais vous dire. Il s'agit de Jésus le Nazaréen, cet homme dont Dieu avait fait connaître la mission en accomplissant par lui des miracles, des prodiges et des signes au milieu de vous, comme vous le savez bien. Cet homme, livré selon le plan et la volonté de Dieu, vous l'avez fait mourir en le faisant clouer à la croix par la main des païens. Or, Dieu l'a ressuscité en mettant fin aux douleurs de la mort, car il n'était pas possible qu'elle le retienne en son pouvoir. En effet, c'est de lui que parle le psaume de David : Je regardais le Seigneur sans relâche, s'il est à mon côté, je ne tombe pas. Oui, mon cœur est dans l'allégresse, ma langue chante de joie ; ma chair elle-même reposera dans l'espérance :
tu ne peux pas m'abandonner à la mort ni laisser ton fidèle connaître la corruption. Tu m'as montré le chemin de la vie, tu me rempliras d'allégresse par ta présence. Frères, au sujet de David notre père, on peut vous dire avec assurance qu'il est mort, qu'il a été enterré, et que son tombeau est encore aujourd'hui chez nous. Mais il était prophète, il savait que Dieu lui avait juré de faire asseoir sur son trône un de ses descendants. Il a vu d'avance la résurrection du Christ, dont il a parlé ainsi : Il n'a pas été abandonné à la mort, et sa chair n'a pas connu la corruption. Ce Jésus, Dieu l'a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins. Élevé dans la gloire par la puissance de Dieu, il a reçu de son Père l'Esprit Saint qui était promis, et il l'a répandu sur nous : c'est cela que vous voyez et que vous entendez. »

Psaume : Ps 15, 1-2a.5, 7-8, 9-10, 2b.11
R/ Tu m'as montré, Seigneur, le chemin de la vie
Garde-moi, mon Dieu : j'ai fait de toi mon refuge.
J'ai dit au Seigneur : « Tu es mon Dieu !
Seigneur, mon partage et ma coupe :
de toi dépend mon sort. »
Je bénis le Seigneur qui me conseille :
même la nuit mon coeur m'avertit.
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ;
il est à ma droite : je suis inébranlable.

Mon coeur exulte, mon âme est en fête,
ma chair elle-même repose en confiance :
tu ne peux m'abandonner à la mort
ni laisser ton ami voir la corruption.

Je n'ai pas d'autre bonheur que toi.
Tu m'apprends le chemin de la vie :
devant ta face, débordement de joie !
A ta droite, éternité de délices !

2è Lecture : Lecture de la première lettre de saint Pierre Apôtre
Frères,
vous invoquez comme votre Père celui qui ne fait pas de différence entre les hommes, mais qui les juge chacun d'après ses actes ; vivez donc, pendant votre séjour sur terre, dans la crainte de Dieu. Vous le savez : ce qui vous a libérés de la vie sans but que vous meniez à la suite de vos pères, ce n'est pas l'or et l'argent, car ils seront détruits ; c'est le sang précieux du Christ, l'Agneau sans défaut et sans tache. Dieu l'avait choisi dès avant la création du monde, et il l'a manifesté à cause de vous, en ces temps qui sont les derniers. C'est par lui que vous croyez en Dieu, qui l'a ressuscité d'entre les morts et lui a donné la gloire ; ainsi vous mettez votre foi et votre espérance en Dieu.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
Le troisième jour après la mort de Jésus, deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient ensemble de tout ce qui s'était passé. Or, tandis qu'ils parlaient et discutaient, Jésus lui-même s'approcha, et il marchait avec eux. Mais leurs yeux étaient aveuglés, et ils ne le reconnaissaient pas. Jésus leur dit : « De quoi causiez-vous donc, tout en marchant ? » Alors, ils s'arrêtèrent, tout tristes. L'un des deux, nommé Cléophas, répondit : « Tu es bien le seul de tous ceux qui étaient à Jérusalem à ignorer les événements de ces jours-ci. ». Il leur dit : « Quels événements ? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth : cet homme était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple. Les chefs des prêtres et nos dirigeants l'ont livré, ils l'ont fait condamner à mort et ils l'ont crucifié. Et nous qui espérions qu'il serait le libérateur d'Israël ! Avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c'est arrivé. A vrai dire, nous avons été bouleversés par quelques femmes de notre groupe. Elles sont allées au tombeau de très bonne heure, et elles n'ont pas trouvé son corps ; elles sont même venues nous dire qu'elles avaient eu une apparition : des anges, qui disaient qu'il est vivant. Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l'avaient dit ; mais lui, ils ne l'ont pas vu. ». Il leur dit alors : « Vous n'avez donc pas compris ! Comme votre coeur est lent à croire tout ce qu'ont dit les prophètes ! Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire ? ». Et, en partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur expliqua, dans toute l'Écriture, ce qui le concernait.
Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d'aller plus loin.
Mais ils s'efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous : le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux. Quand il fut à table avec eux, il prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna. Alors leurs yeux s'ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. Alors ils se dirent l'un à l'autre : « Notre coeur n'était-il pas brûlant en nous, tandis qu'il nous parlait sur la route, et qu'il nous faisait comprendre les Écritures ? »
A l'instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent : « C'est vrai ! Le Seigneur est ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. ». A leur tour, ils racontaient ce qui s'était passé sur la route, et comment ils l'avaient reconnu quand il avait rompu le pain.

Commentaire : Dimanche du co-cheminement :
Les textes de ce dimanche, nous orientent dans l’esprit pascal. En effet, dans le livre des Actes des apôtres, Pierre par l’avènement de l’Esprit-Saint retrouve le courage et annonce aux Juifs que Jésus est effectivement ressuscité. Dans la deuxième lecture, Jésus est présenté comme symbole d’unité. En lui et par lui toutes les barrières ethniques, sociales et politiques n’ont plus de sens. Et Pierre présente le sang du Christ comme source du salut et de rédemption de l’humanité. Il fait une précision de taille en affirmant que l’or, l’argent et le pouvoir qui sont à l’origine des guerres, des persécutions et atrocités dans le monde ne pourront donner à l’homme le salut, la joie et le bonheur, car toutes les richesses et pouvoirs seront détruits. Seul le Christ est éternel. Dans l’Évangile, il est question des disciples qui co-cheminent avec le Christ. Il marche avec lui sans le connaître. Et après un temps d’entretien, il découvre le Christ dans le mystère de l’Eucharistie. Ainsi, la célébration de l’Eucharistie est le lieu par excellence de la présence et de la rencontre avec le Christ. De même, cette péricope nous montre que le Ressuscité est avec nous, il marche avec nous, il nous parle, il nous conduit : donc, soyons sans crainte car le Ressuscité est à nos côtés.

A DIMANCHE PROCHAIN
Père Hervé Djadji La joie.

jeudi 5 mai 2011

DIEU ET LA QUESTION DU MAL DANS LE CONTEXTE DE LA GUERRE EN CÔTE D’IVOIRE

« A vous chers frères et sœurs Ivoiriens, vous qui avez subis des atrocités, vous qui souffrez dans votre chair et dans votre âme, vous qui avez perdu la vie, recevez nos réconforts et soutiens, reposez en paix. A toi ma patrie, mon pays qui m’a vu naître, compassion et espérance ».
Nous nous proposons de mener une méditation sur Dieu et la question du mal dans la situation de guerre en Côte d’Ivoire à cause de plusieurs questions et interpellations au sujet de Dieu et le mal. Oui plusieurs compatriotes, dans leur désespoir et devant la souffrance maudissent Dieu, tandis que d’autres doutent de sa puissance ou de son pouvoir, d’autres encore épousent l’idée selon laquelle Dieu n’est qu’une invention des colonisateurs dans le but d’exploiter l’Afrique. Ainsi, les interrogations que suscite la guerre en Côte d’Ivoire sont d’ordre existentiel et spirituel : Dieu a-t-il disparu ? La religion n’est-elle pas l’opium du peuple ? Pourquoi le mal triomphe t-il ? Pourquoi des guerres atroces dans le monde ? Pourquoi Dieu reste-t-il silencieux face à la misère des Africains ? Disait miss Djika. A travers ces méditations à plusieurs parties, nous tenterons de répondre à ces doutes et interrogations qui font chanceler la foi des Ivoiriens et d’autres chrétiens face à des épreuves et atrocités de la vie.

Première étape de la méditation : Dieu et l’origine du mal.
Qui a créé le mal ? Qui est l’auteur du mal ?
« Je crois en Dieu le Père tout Puissant, créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible ».
Cette affirmation du credo tranche apparemment la question du mal. En effet, si Dieu est le créateur de tout l’univers visible et invisible ainsi que de son contenu nous pouvons vite conclure qu’il est à l’origine du mal. Car tout a été créé par lui, en lui et pour lui comme l’affirme Saint Paul dans sa lettre aux Colossiens, parlant de la préexistence et de la primauté du Christ. Est-ce que cette affirmation du credo suffit pour soutenir la thèse selon laquelle Dieu a créé le mal ?
Nous pensons que soutenir cette position à partir du credo, est un raccourci à éviter. En effet, lorsque nous scrutons la péricope de la création dans le livre de la Genèse, nous pouvons mieux comprendre Dieu et la question du mal. L’auteur de la péricope de (Gn 1,3-31), nous présente la création telle que créée par Dieu. Le constat que nous faisons dans cette création, c’est qu’elle est bonne ou était bonne. Dans ce texte, à six reprises cette expression « Et Dieu vit que cela était bon » revient et est reprise après chaque acte de création. Et pour la septième fois, à la fin de tout, nous avons cette appréciation : « Dieu vit tout ce qu’il avait fait. Voilà c’était très bon » Gn 1,31. 
Donc après chaque acte, Dieu voit que c’était bon et à la fin après avoir admiré, regardé ses créatures, son œuvre, Dieu couronne son appréciation par « très bon ». Dès lors, nous comprenons que la création est teintée de la bonté de Dieu. Tout ce que Dieu a créé ne pouvait être que bon. Car la Bonté, la Beauté, le Bien et l’excellent font partie de l’être de Dieu. Par conséquent, en Dieu il ne peut avoir le mal, et Dieu ne peut être à l’origine du mal, car en lui il n’y a que lumière et point de ténèbres. C’est ce que Jacques Maritain appelle l’innocence absolue de Dieu. Cette Innocence absolue de Dieu est soutenue par Thomas d’Acquin qui souligne qu’il n’y a aucun lien de causalité entre Dieu et le mal.
A partir de cette analyse, nous pouvons déduire que Dieu n’est pas auteur du mal. Car s’il était à l’origine du mal, il ne serait plus Dieu : en effet, Dieu ne peut être aucunement lié au mal. Du coup qui est l’auteur du mal ? Est-ce l’homme qui est à la base du mal ? Ou encore le mal est-il apparu de manière spontanée ? Telles sont les questions que nous tenterons de répondre dans la deuxième étape de notre méditation.

À bientôt,
Père Hervé Djadji.

dimanche 1 mai 2011

CRISE EN CÔTE D’IVOIRE ET BEATIFICATION DU PAPE JEAN-PAUL II

Après le tournant qu’ont pris les évènements en Côte d’Ivoire, avec les bombardements et la chute du président Laurent Gbagbo, nous avons gardé un temps de silence méditatif pour observer et constater l’évolution des choses dans ce pays. Après ce moment de méditation et avec les fêtes pascales, nous reprenons notre arme de sensibilisation qui se résume à des réflexions que nous proposons depuis les campagnes électorales. Aujourd’hui notre méditation concerne la crise ivoirienne et la béatification du pape Jean-Paul II de vénérée mémoire. En quoi consiste une telle réflexion ? Pourquoi un lien entre la crise ivoirienne et la béatification ?
L’Église universelle vient de célébrer la béatification du pape Jean-Paul II en ce dimanche 01 mai 2011 au Vatican. Cet évènement intervient au moment où la Côte d’Ivoire un pays qui a connu trois visites de ce pape, couronné par l’inauguration et la consécration de la Basilique Notre Dame de Yamoussoukro, ce pays rencontre d’énormes difficultés. Nous saisissons cette opportunité de la béatification du Saint Père, pour lui demander d’intercéder pour ce pays qu’il a tant aimé. Oui, Bienheureux Jean Paul II, toi qui as tant lutté pour la dignité humaine, prie pour notre pays dans lequel, la dignité de la personne humaine est bafouée, l’homme n’est plus considéré comme étant l’image de Dieu. Bienheureux Jean-Paul II en ce jour de ta béatification, intercède pour les Ivoiriens qui vivent aujourd’hui dans la peur, la haine, la violence.
Oui le pays dans lequel tu as foulé trois fois les pieds, le pays où tu as inauguré la Basilique Notre Dame de la Paix n’est plus en paix, il est devenu le pays de la guerre, le pays des bombardements, un pays sans droit, un pays de massacres, un pays qui voit ses enfants fuir dans toutes les directions. Bienheureux Jean-Paul II, nous comptons sur tes prières, au nom de tous ces Ivoiriens qui t’ont accueilli dans la joie, au nom de tous ces Ivoiriens que tu as bénis trois fois (ce qui signifie la perfection), nous invoquons ta médiation. Penses-à-nous dans tes prières, que notre pays retrouve sa joie de vivre et sa paix. Nous voyons en ta béatification qui intervient au moment où la Côte d’Ivoire est dans la tombe, un signe d’espérance et de résurrection. Puisse par ton intercession les Ivoiriens soient éclairés par l’Esprit Saint et voient en l’autre malgré les différences, une image de Dieu à aimer et retrouvent la paix de vivre : Seigneur écoute nous.
Bienheureux Jean-Paul II : Priez pour nous
N.B : Nous invitons tous les Ivoiriens et amis de la Côte d’Ivoire à méditer le Rosaire chaque jour pendant neuf jours en l’honneur de Jean-Paul II pour la paix en Côte d’Ivoire. Nous pouvons débuter cette neuvaine dès demain.
P. Djadji La Joie. 

MEDITATION DU 2è DIMANCHE DE PÂQUES (A)


Textes du dimanche 1er mai
1ère lecture : Ac 2, 42-47 (La communauté fraternelle des premiers chrétiens)
Dans les premiers jours de l"Église, les frères étaient fidèles à écouter l'enseignement des Apôtres et à vivre en communion fraternelle, à rompre le pain et à participer aux prières. La crainte de Dieu était dans tous les coeurs ; beaucoup de prodiges et de signes s'accomplissaient par les Apôtres.
Tous ceux qui étaient devenus croyants vivaient ensemble, et ils mettaient tout en commun ; ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, pour en partager le prix entre tous selon les besoins de chacun.
Chaque jour, d'un seul coeur, ils allaient fidèlement au Temple, ils rompaient le pain dans leurs maisons, ils prenaient leurs repas avec allégresse et simplicité. Ils louaient Dieu et trouvaient un bon accueil auprès de tout le peuple. Tous les jours, le Seigneur faisait entrer dans la communauté ceux qui étaient appelés au salut.
Psaume : Ps 117, 1.4, 13-14, 19.21, 22-23, 24-25
R/ Éternel est son amour !
Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !
Qu'ils le disent, ceux qui craignent le Seigneur :
Éternel est son amour !

On m'a poussé, bousculé pour m'abattre ;
mais le Seigneur m'a défendu.
Ma force et mon chant, c'est le Seigneur ;
il est pour moi le salut.

Ouvrez-moi les portes de justice :
j'entrerai, je rendrai grâce au Seigneur.
Je te rends grâce car tu m'as exaucé :
tu es pour moi le salut.

La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d'angle :
c'est là l'oeuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux.

Voici le jour que fit le Seigneur,
qu'il soit pour nous jour de fête et de joie !
Donne, Seigneur, donne le salut !
Donne, Seigneur, donne la victoire !
2ème lecture : 1P 1, 3-9 (L'espérance des baptisés)
Béni soit Dieu, le Père de Jésus Christ notre Seigneur : dans sa grande miséricorde, il nous a fait renaître grâce à la résurrection de Jésus Christ pour une vivante espérance, pour l'héritage qui ne connaîtra ni destruction, ni souillure, ni vieillissement. Cet héritage vous est réservé dans les cieux, à vous que la puissance de Dieu garde par la foi, en vue du salut qui est prêt à se manifester à la fin des temps.
Vous en tressaillez de joie, même s'il faut que vous soyez attristés, pour un peu de temps encore, par toutes sortes d'épreuves ; elles vérifieront la qualité de votre foi qui est bien plus précieuse que l'or (cet or voué pourtant à disparaître, qu'on vérifie par le feu). Tout cela doit donner à Dieu louange, gloire et honneur quand se révélera Jésus Christ, lui que vous aimez sans l'avoir vu, en qui vous croyez sans le voir encore ; et vous tressaillez d'une joie inexprimable qui vous transfigure, car vous allez obtenir votre salut qui est l'aboutissement de votre foi.
Evangile : Jn 20, 19-31, (Apparition du Christ huit jours après Pâques)
C'était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d'eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! »
Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m'a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il leur dit : « Recevez l'Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. »
Or, l'un des Douze, Thomas (dont le nom signifie : Jumeau) n'était pas avec eux quand Jésus était venu.
Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l'endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »
Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d'eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! »
Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d'être incrédule, sois croyant. »
Thomas lui dit alors : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Jésus lui dit : « Parce que tu m'as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
1l y a encore beaucoup d'autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas mis par écrit dans ce livre.
Mais ceux-là y ont été mis afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et afin que, par votre foi, vous ayez la vie en son nom.

Commentaire : Dimanche de la paix
En ce Second dimanche de la Résurrection, que nous pouvons appeler Dimanche de la paix, la péricope tirée du livre des Actes des apôtres nous révèle la vie des apôtres et disciples du Christ après Pâques. En effet, après la mort et la résurrection de leur Maître et Seigneur, les apôtres et disciples du Christ vont vivre ensemble à Jérusalem jusqu’à la venue de l’Esprit Saint selon les vœux du Christ. Ce qu’il faut retenir de cette première communauté, c’est la mise en pratique de l’héritage d’amour, de fraternité, de joie et de charité laissé par Jésus. Dès lors tous les chrétiens sont invités à imiter cette première communauté. Nous sommes donc appelés à ne pas nous écarter de la vie de cette communauté. Quant à la deuxième lecture, elle nous invite à la foi malgré les épreuves de la vie. Épreuves qui, selon l’apôtre Pierre vérifie la qualité de la foi. Ainsi chrétiens nous sommes appelés à l’espérance et à la persévérance dans notre cheminement avec le Christ. Car avec le Christ si nous persévérons nous obtiendrons les grâces recherchées.
Dans l’Évangile, l’aspect de l’apparition de Jésus que nous retenons dans ce texte johannique, c’est la paix que le ressuscité donne ou offre aux apôtres. En effet dans ce récit, à trois reprises, Jésus dit ceci : « la paix soit avec vous ». Cette parole du Ressuscité est très importante pour la société actuelle. Si Jésus donne la paix aux apôtres et les envoie porter cette paix au monde, c’est parce que pour le ressuscité, tout passe par la paix. Oui sans la paix dans le monde, sans la paix dans nos cœurs, sans la paix dans nos familles, sans la paix dans nos lieux de travail, nous ne pouvons pas connaître la joie.
C’est dans cette optique que dans cette société où la guerre, la force, le pouvoir de détruire l’autre et la persécution sont devenus des vertus, demandons au Christ de nous donner la paix et de susciter dans nos sociétés des hommes et des femmes de paix, capables de tout résoudre par la paix dans nos pays, dans nos familles, dans nos bureaux et lieux de travail. Disons ensemble : Seigneur donnes nous ta paix, donnes nous cette paix qui ne passe pas par l’injustice, ni par la violence.
Chrétiens, si le Christ nous offre la paix, c’est pour nous inviter à être non pas des anges de paix, c'est-à-dire des gens qui parlent de paix alors que leurs cœurs et leurs actes sont pour la guerre, mais à être des hommes de paix. Chrétiens, chaque fois que nous optons pour la guerre, la violence, la haine, l’écrasement du faible, nous nous éloignons du Christ ressuscité. Car la guerre et la violence sont des armes sataniques, alors que la paix est la volonté du Christ.
Intention de la semaine : Que chacun demande au Christ de donner la paix à sa famille, ses amis, dans son cœur, dans son pays et dans le monde entier.
Saint de la semaine : Invoquons le soutien et l’intercession du Bienheureux Jean-Paul II, pour les bénédictions.
Culture religieuse : Qu’est ce qu’une béatification ?
La béatification est la dernière étape avant de canoniser dans l’Église Catholique romaine une personne sainte. La béatification c’est donc le fait de déclarer quelqu’un bienheureux. Notons que le bienheureux n’est pas encore déclaré Saint, mais partage déjà aux yeux de l’Église le bonheur de Dieu. Ce titre est donné par décret et est lu lors de la liturgie solennelle. Le bienheureux peut recevoir un culte public mais de manière restreinte. Le bienheureux n’est pas encore saint, mais n’est pas loin d’être saint. C’est le cas du Pape Jean-Paul II qui sera déclaré ce dimanche.
A LA SEMAINE PROCHAINE
P. Hervé Djadji La joie