mercredi 16 mars 2011

CRISE EN CÔTE D’IVOIRE : LE MAL D'AUJOURD'HUI SERA LE MAL DE DEMAIN : POUVOIR ET ETRE ENSEMBLE.


Le titre de notre présent article pose le problème du pouvoir et de l’être ensemble ou des relations interethniques et le pouvoir. La présente réflexion sera construite autour des interrogations suivantes : Est-ce que le pouvoir est synonyme de destruction de relations inter- personnelles ? Est-ce que le pouvoir doit détruire le ciment social ?
De 1960 à 1993 date à laquelle Dieu a repris le souffle de vie du père fondateur de la Côte d’Ivoire moderne, le tissu social ivoirien ou encore l’être ensemble en côte d’Ivoire étaient fondés sur l’amour, la paix et l’unité malgré des imperfections dans ce vivre ensemble. L’Ivoirien du nord et celui du sud vivaient dans une symbiose totale. Celui de l’Est et celui du centre et de l’ouest se considéraient comme frères. La fraternité faisait partie de l’être même de l’Ivoirien. D’où cette affirmation de notre hymne national : « Pays de la fraternité ». Oui, la paix entre Ivoiriens et l’unité entre ces derniers et les frères venus d’ailleurs n’étaient pas un problème, car la symbiose était manifeste malgré des déviations que l’on peut relever de temps en temps. Malheureusement, du 7 août 1993 jusqu’à ce jour cette ambiance s’est considérablement détériorée.
En effet, la course et l’amour du pouvoir ont remis en cause l’être ensemble dans ce pays. Car l’ivoirité avec les orientations et utilisations qu’ont été faites par les politiciens de tous bords, le coup d’État de 1999, l’attaque armée de la patrie en septembre 2002 qui a divisé le pays en deux et la crise née de l’élection présidentielle, ont détruit la cohésion sociale. Oui, aujourd’hui au nom du pouvoir, des peuples et des régions qui jadis étaient ensemble se regardent avec une grande méfiance. Oui aujourd’hui notre être ensemble s’exprime par des tueries, la haine, le viol, les enlèvements, les vols, le terrorisme et le génocide. Aujourd’hui, la paix, le sourire, la solidarité, la joie de vivre et la tolérance ont disparu dans notre pays pour faire place à toutes sortes de vices. Tout ce que nous avons cultivé et semé plus d’un demi-siècle, disparait et c’est une autre société bien vicieuse que nous sommes entrain de construire au nom d’un pouvoir malgré les morts et le sang. A partir de ce qui précède, il convient d’interpeller tous les clans en conflit avec leurs branches armées ainsi que tous les Ivoiriens.
Chers frères et sœurs le pouvoir est passager, momentané. Car aucun homme ne peut être éternellement président. Le pouvoir ne constitue pas le centre de la vie. Retenons que le mal que nous semons, le mal que nous faisons, le mal que nous utilisons comme moyen pour être au pouvoir, sera le mal de demain. Oui les tueries, les viols, les vols que nous commettons aujourd’hui nous suivrons et ne disparaitrons pas de manière automatique. Un camp sera forcement au pouvoir, mais un règne sans ciment social, sans unité, sans paix, un règne sans entente entre les villages, entre les régions est un règne démoniaque, satanique.
 Aujourd’hui au Rwanda, le génocide a semé un mal éternel malgré les efforts de tolérance, au Japon la bombe atomique a semé un mal éternel, aux États Unis, l’attaque des tours jumelles demeurera toujours dans la conscience des Américains, en Afrique du sud l’apartheid restera toujours dans la mentalité, l’holocauste ne disparaitra jamais dans la vie des Juifs. Dès lors notons que les actes que nous posons aujourd’hui à cause du pouvoir nous suivrons. L’histoire retiendra éternellement que nous avons été auteur des tueries et des viols en Côte d’Ivoire. Ne semons pas le mal, ne tuons pas, ne commettons pas le génocide de manière consciente et volontaire pour ensuite organiser demain des journées de pardon et de réconciliation nationale avec des larmes d’hypocrites.


Père Hervé Djadji Lajoie

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