vendredi 11 mars 2011

CRISE EN CÔTE D’IVOIRE : OÙ SONT NOS PROPHETES ET LEADERS RELIGIEUX ?

Pendant la campagne présidentielle, tous les Ivoiriens ont apprécié et admiré les interventions de nos pasteurs et Imams dans le but d’inviter les Ivoiriens à la prière et demander les bénédictions du Dieu miséricordieux. Après les résultats conflictuels du second tour de l’élection présidentielle, hormis quelques ballets diplomatiques entre les camps en conflits et des déclarations divergentes, nos pasteurs, prêtres, Évêques et Imams ont disparu de la scène. Oui les Ivoiriens et tous ceux qui suivent l’actualité du pays se posent des questions : Où sont passés nos guides religieux ? Où sont nos éminents charismatiques ? Les prophètes se sont-ils tus ? Les politiciens ont-ils vaincu nos prophètes ? Où sont nos défenseurs de la dignité humaine ? Pourquoi sont-ils silencieux ?
Dans la présente étude, nous tenterons de faire le tour de ces différentes interrogations dans le but de répondre sans faux fuyant à cette réalité dont font face les Ivoiriens dans une désolation totale.
Oui, après les résultats du second tour de la présidentielle, la remarque que nous avons faite, c’est que nos guides religieux de plusieurs confessions et communautés religieuses, à travers des discours et des bouts de phrases lors de leurs méditations ont montré de manière criarde et notoire leur désaccord sur leur vision de la crise née de l’élection présidentielle. Des interventions teintées de couleur politique et très souvent avec les mêmes slogans et expressions utilisées par les portes paroles des partis politiques en conflits. D’où cette affirmation d’un confrère : « Les leaders religieux ivoiriens représentent au niveau spirituel la copie conforme de notre système politique ».
Ainsi, à travers les différents discours contradictoires entre des ministres d’une même confession religieuse et ceux de communautés différentes suivis de ce grand silence nous pouvons déduire que nos guides semblent avoir échoué face à l’équation dressée par les politiciens. Oui avec le silence nous pouvons dire que nos leaders religieux n’ont pas pu percer le mur de nos politiciens malgré les prières, les jeûnes et leur bonne volonté. Et la solution choisie par nos chers guides, c’est de retourner dans leurs églises, cathédrales, mosquées et temples pour prier, méditer et poser des actes caritatifs auprès des refugiés. Oui cela aussi est une arme. Mais Chers confrères pasteurs, les Ivoiriens meurent, on ne sait qui tue qui, des morts gisent partout, le sang coule et les déplacés augmentent. Les fidèles veulent voir leurs guides religieux à leurs côtés, ils veulent nous voir à Abobo, Koumassi, Anyama assurant la médiation entre les camps. Ils veulent des réactions vigoureuses et vraies au moment où le décalogue n’est plus respecté. Oui nous pouvons dire avec regret : « les agneaux ont été frappés et les bergers se sont dispersés ».
Face à cette crise qui perdure, l’heure de l’engagement a sonné. Prenons le devant car l’image du Dieu que nous invoquons est bafouée. Et aussi bien le peuple ivoirien que Dieu le créateur nous observent. Relevons la tête. Acceptons un mea culpa et demandons pardon, convertissons nous et apportons notre médiation pour la résolution de cette crise. Prenons nos responsabilités. Disons la parole capable de guérir et de sauver la Côte d’Ivoire malgré le prix à payer. Et nous pouvons puiser dans nos ressources spirituelles et dans nos traditions multiséculaires pour résoudre cette crise. N’attendons pas après les tueries pour donner un sens spirituel aux différents évènements. N’attendons pas des milliers de morts pour trouver des textes dans nos livres sacrés pour réconforter les familles. N’attendons pas après un génocide pour organiser des veillées et temps de prières dans le but d’expliquer avec des catégories théologiques et spirituelles les atrocités avec des affirmations telles que : « Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris, il en a été comme le Seigneur a voulu ». Et D’autres dirons ceci : Selon une vision, Dieu a prévu que la Côte d’Ivoire passe par des morts, des viols, du carnage et banditisme pour connaitre sa gloire car Dieu aime la Côte d’Ivoire ». N’oublions pas que Dieu préfère celui qui agit pour enrayer le mal par rapport à celui qui se tait et vient prier après le mal.
Père Hervé Djadji
 herve.djadji@yahoo.fr

1 commentaire:

  1. Je vous salue Révérend Père et je très heureux de votre analyse et surtout de la conclusion. Mais je pense que tout le monde est responsable de cette crise. Je suis vice responsable d'une petite communauté de prière. Nous nous sommes sentis comme le prophète Jérémie quand il parlait au nom de Dieu. Mais plus particulièrement écarté par ceux qui devait l'écouter et discerner ce qu'il recevait. Quand tu n'est pas d'une grande communauté, aucun prêtre, échevêque et même laïc n'entend ce que tu dis. Nous sommes tout petit mais nous avons parlé et continuons de parler. Que Dieu nous guide et nous aide mais surtout qu'il vouos permette à vous "consacrés" d'entendre la voie de Dieu

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