dimanche 14 novembre 2010

LA SPIRITUALITE DE L’EMMANUEL POUR UNE ELECTION APAISEE EN CÔTE D’IVOIRE


Nos pères évêques à travers la Conférence Épiscopale de Côte d’Ivoire, ont manifesté leur sollicitude envers le peuple ivoirien en adressant un message dans le but de contribuer à la paix, au bon ton pendant ces périodes électorales. Notre réflexion n’est qu’une simple et modeste contribution d’un citoyen à la vie de sa nation surtout en ce moment de choix importants pour l’avenir de notre pays.
D’emblée, nous remercions tous ceux qui de l’intérieur comme à l’extérieur du pays, ont aidé les Ivoiriens à atteindre ce stade, à savoir la campagne électorale et les élections qui marquent  le retour à la paix et à la démocratie.
Qu’est ce que la spiritualité de l’Emmanuel ? En quoi peut-elle être utile pour une élection apaisée ? Ou encore qu’est ce que cette spiritualité peut elle nous apporter en ces périodes électorales ?
Ce sont ces interrogations auxquelles nous tenterons de répondre à travers notre analyse. La spiritualité de l’Emmanuel est une manière d’être, de penser, d’agir en fonction de la signification du nom du fils de Dieu, c'est-à-dire : « Emmanuel ». C’est le fait de mettre en pratique le sens du nom Emmanuel. Dans les Écritures, ce nom comme nom propre fut employé trois fois. A deux reprises dans le livre d’Isaïe (Is 7,14 ; Is 8,8) et une seule utilisation dans le Nouveau Testament (Mat 1,23). Quant au sens de ce nom, l’évangéliste Mathieu fait cette précision : « Voici que la Vierge concevra et enfantera un fils auquel on donnera le nom d’Emmanuel, ce qui se traduit : Dieu avec nous ». Ce nom vient donc de l’expression hébraïque : « immânu ‘el » c'est-à-dire « avec nous est Dieu » autrement dit « Dieu est avec nous ».
Après avoir situé le sens du nom Emmanuel et le fondement de la spiritualité de l’Emmanuel nous nous posons cette question : qu’est ce que cette spiritualité peut elle nous apporter dans ces élections ?
Dans la spiritualité de l’Emmanuel, Dieu est avec nous, pour qu’étant avec lui, nous puissions être avec les autres. Ainsi, cette spiritualité tout en développant notre relation au niveau verticale avec Dieu, nous invite à accentuer nos liens au niveau horizontal, c'est-à-dire le « être avec les autres ». Mais un être avec les autres qui ne se focalise pas sur des calculs tribalistes, politiques, économiques, en somme un « être avec » qui ne se fonde pas sur un intérêt. Dès lors, nous devons savoir que dans ces élections, celui avec qui nous sommes appelés à être ensemble n’est pas obligé de partager avec nous les mêmes visions politiques, religieuses, régionales et ethniques. Cependant, de même que Dieu accepte d’être avec nous malgré notre état, aussi sommes nous invités à accepter d’être avec les autres malgré les différences d’opinions. Dans la spiritualité de l’Emmanuel nous sommes appelés à nous soumettre au verdict des urnes. Car nous devons être avec le vainqueur malgré la défaite de notre candidat.
A partir de ce qui précède, la réalité à laquelle nous convie la spiritualité de l’Emmanuel, c’est la capacité d’accepter d’être avec l’autre. Cette spiritualité nous permet de quitter le système de la « mêmeté » pour utiliser l’expression de Memel Fôtê cité par Maurice Bandaman lors de son intervention au festival international de la route des rois à Taabo le 13 novembre 2003. En effet, les violences pendant les élections et les guerres qui suivent la proclamation des résultats proviennent de la mentalité de la « mêmeté ». Oui on veut la « mêmeté » ethnique, « la mêmeté » politique, la « mêmeté » religieuse. Et c’est cette idéologie de la « mêmeté » qui tue l’Afrique depuis l’avènement du multipartisme dans nos pays. C’est dans cette optique que pour ces élections en Côte d’Ivoire, nous prônons l’union des différences. Car la vie naît de la jonction d’éléments hétérogènes. Ainsi, dans ces élections le « contre nous » ne doit pas être synonyme de guerre mais de richesse.
En somme, si nous voulons construire une Côte d’Ivoire nouvelle bâtie sur des fondements solides, une Côte d’Ivoire une et indivisible, le pays nous appelle pendant et après ces élections à briser toutes sortes de barrières pour être avec les autres malgré nos divergences. Car comme nous le souligne le père Raphaël Gnally dans son œuvre Voici l’homme un être debout, p. 38: « Notre tâche commune est de construire une société nouvelle où l’autre différent de moi socio-culturellement, politiquement, économiquement, moralement et religieusement est compris, accepté et aimé. Nous sommes appelés à bâtir une société nouvelle où chaque individu est valorisé en lui-même, une société nouvelle qui sait combiner l’unité et la diversité de ses membres ». Notre société sera donc équilibrée, vivable, développée et démocratique si nous arrivons selon le révérend Gnally Raphaël à réaliser la « coincidentia oppositorum » à savoir « la jonction des contraires » ( Voici l’homme un être débout, p. 36).

Père Hervé Djadji (l'Abbé Lajoie).

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