mercredi 24 novembre 2010

Chers frères et sœurs chrétiens de la Côte d’Ivoire

Depuis l’ouverture de la campagne électorale, plusieurs voix ne cessent d’inviter les chrétiens et les Ivoiriens dans leur ensemble, à l’apaisement, à la paix et à l’amour. C’est en allant dans le même sens que ces pasteurs, prêtres et évêques qui ne cessent de jouer leur rôle de messagers, que nous aimerions véhiculer le présent message. En effet, dans ces moments de troubles, de peur, de tensions et de déviations verbales, nous nous sentons obligés de jouer notre rôle de chrétien, de prophètes, d’annonciateurs de la Bonne Nouvelle d’amour, de Paix et de fraternité véhiculée par Jésus Christ.
Nous voulons jouer notre rôle de guetteur selon la prophétie de Yahwé dans le livre d’Ezékiel : « C’est donc toi fils d’homme, que j’ai établi guetteur pour la maison d’Israël ; tu écoutes la parole qui sort de ma bouche et tu les avertiras de ma part. Si je dis au méchant : méchant, tu mourras certainement, mais que toi, tu ne parles pas pour avertir le méchant de quitter sa conduite, lui, le méchant mourra de son péché, mais c’est à toi que je demanderai compte de son sang. Par contre, si tu avertis le méchant pour qu’il se détourne de sa conduite, et qu’il ne veuille pas s’en détourner, il mourra de son péché » Ez 3, 8-9. Oui c’est à travers ce message que nous aimerions avec l’aide de l’Esprit Saint, encourager, avertir, dénoncer et orienter. Si dans cet article nous choisissons pour cible les Ivoiriens avec qui nous partageons la même foi au Christ ressuscité, c’est parce que nous voulons nous adresser d’abord à la famille religieuse à laquelle nous appartenons.
Nous proposons de méditer ensemble cette péricope tirée du livre des Actes des apôtres : « Il y a des hommes qui nous ont accompagnés durant tout le temps où le Seigneur Jésus a marché à notre tête, à commencer par le baptême de Jean jusqu’au jour où Il nous a été enlevé : il faut donc que l’un d’entre eux devienne avec nous témoin de sa résurrection ». On en présenta deux, Joseph appelé Barsabbas, surnommé Justus, et Mattias et l’on fit cette prière : « Toi, Seigneur, qui connais les cœurs de tous, désigne celui des deux que tu as choisi » Ac 1, 21-24. « on tira le sort et le sort tomba sur Mathias ».
Loin de nous toute idée d’appliquer ce texte à l’élection présidentielle dans notre pays, car les contextes ne sont pas les mêmes, les postes changent ainsi que les charges, et ici c’est un tirage au sort et non un choix dans les urnes. Seulement, ce qui nous a motivés à faire référence à cette péricope de Luc c’est la prière adressée à Dieu avant le tirage. Oui, les apôtres ont remis le choix, à Dieu. Ils ont fait de lui l’origine de ce choix. Car selon la tradition juive c’est Dieu qui choisi le roi, le consacre et le guide. Les apôtres se sont effacés dans ce choix. Ils ont demandé que la volonté de Dieu soit faite. Oui c’est cette attitude de mise en avant de la volonté de Dieu, que nous recommandons à chaque Ivoirien. Au moment où les tensions montent dans cette campagne de second tour, nous demandons à tous les chrétiens, laïcs comme ministres ordonnés, de se mettre à genoux en adoration et de tout remettre à Dieu pour que sa volonté s’accomplisse.
Car sans la prière nous allons mettre nos propres volontés, nos intelligences et passions au devant dans cette élection. Ces attitudes de prière ne doivent pas être abstraites, théoriques. Elles doivent se traduire en acte. En effet, il ne suffit pas de faire de belles prêches sur l’amour, la paix, la réconciliation et en même temps se retrouver dans des salons entre partisans pour proférer des discours de haine, ou encourager des agressions verbales ou physiques. Il ne suffit pas d’organiser des prières pour la paix, des croisades pour la paix et soutenir en simultané et discrètement l’exclusion, le régionalisme.
Oui l’heure a sonné où les chrétiens doivent faire le porte à porte pour la paix en Côte d’Ivoire. Chaque chrétien doit jouer son rôle de prophète dans son parti politique. Dans nos discours et dans nos actes, ne soyons pas les premiers à encourager les violences. Ce travail de paix, nous pasteurs sommes appelés à le faire de manière concrète dans les milieux de jeunesse et des forces de défense et de sécurité ainsi que des communautés de base dans des quartiers dont nous sommes des aumôniers. Quant aux fidèles laïcs, chacun doit être messager de paix auprès de ses enfants, dans sa famille. Que chaque chrétien sache que dans le parti adverse il y a des chrétiens, des frères et sœurs avec qui nous partageons le même corps du Christ, le même sang du Seigneur, la même foi, le même baptême. Nous formons comme dit Saint Paul le même Corps. C’est en agissant dans l’amour comme Le Christ, que nous pourrons être des lampes capables d’illuminer notre pays qui se laisse envahir par des ténèbres de haine, de violence et d’intolérance. C’est dans l’amour que nous pouvons être ce sel capable de redonner de la saveur à notre pays. Jouons notre rôle. Écoutons le Christ d’abord avant d’écouter les messages de nos leaders politiques.
Confions cette élection à Dieu dans la prière, dans les actes et que Lui qui sonde les cœurs, choisisse le président de tous les ivoiriens.

Père Hervé Djadji La Joie

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